À Nîmes, la vie étudiante ne se résume pas aux amphithéâtres ou aux soirées dans les arènes. Pour nombre de jeunes venus de toute la région ou de plus loin, l’un des premiers défis est d’aménager un studio ou une chambre en colocation à moindre coût, sans renoncer à un cadre de vie propice aux études. Car dans une ville où le loyer d’un studio de 30 m² avoisine désormais 400 à 500 euros par mois, le budget mobilier reste souvent contraint.
Dans ce contexte, les étudiants nîmois développent un sens pratique et un flair de chineurs. Le samedi matin, il n’est pas rare de croiser des grappes d’étudiants aux abords de la Ressourcerie Réa, chemin du Mas Fléchier, ou dans les allées d’Emmaüs à Marguerittes. On y trouve des tables, des armoires, parfois même des matelas, pour quelques dizaines d’euros. Ces structures solidaires permettent de se meubler à très bas prix tout en donnant une seconde vie aux objets. L’esprit de récupération se retrouve aussi dans les vide-greniers qui jalonnent les week-ends nîmois : en octobre, plusieurs rendez-vous dans et autour de la ville proposent vaisselle, tapis ou miroirs pour quelques pièces.
Pour les éléments essentiels qui exigent du neuf — un matelas de qualité, un bureau ergonomique, une chaise de travail confortable — les grandes enseignes locales deviennent des points de passage obligés. Conforama, installé cours Jean-Monnet, ou BUT dans la ZAC du Mas des Abeilles, concentrent l’offre accessible en literie et rangements. Les plus attentifs guettent les promotions régulières : un lit complet pour 180 euros, un bureau et une chaise pour moins de 120 euros. D’autres choisissent de se tourner vers Ikea, dont l’antenne de Montpellier attire chaque rentrée les étudiants nîmois venus charger des voitures bondées de meubles en kit.
Reste l’univers de la petite décoration et des accessoires, où Action et Centrakor tiennent le haut du pavé. Pour quelques euros, on y déniche des lampes LED, des cadres ou des rideaux occultants qui transforment un logement impersonnel en espace chaleureux. « Avec 30 euros, j’ai acheté deux lampes, un tapis et une guirlande lumineuse », confie Mathilde, étudiante en droit, rencontrée à la sortie du magasin de Costières.
Au-delà des achats, c’est l’organisation de l’espace qui donne sa véritable valeur au logement. Dans un studio de 20 m², l’astuce consiste à créer des zones distinctes : un coin nuit isolé par un rideau, un bureau face à la lumière du jour, un espace repas réduit mais convivial grâce à une table pliante. Les enseignes de bricolage, Leroy Merlin ou Castorama, proposent planches, crémaillères et barres murales qui permettent de fabriquer étagères et rangements sur mesure pour une cinquantaine d’euros. Une étagère verticale peut suffire à dégager le sol et à structurer visuellement la pièce.
Au final, trois paliers de budget se dessinent. Avec 300 à 400 euros, un étudiant peut couvrir les besoins élémentaires grâce au marché de l’occasion et à quelques accessoires neufs. Autour de 600 à 800 euros, il est possible d’ajouter un canapé, un bureau de meilleure facture et un éclairage plus soigné. Ceux qui investissent 1 200 à 1 500 euros disposent d’un logement réellement confortable, avec matelas neuf, meubles coordonnés et touches de décoration plus raffinées.
Le garde-meuble, l’astuce des étudiants pour gagner de l’espace
Dans ces logements souvent exigus, une solution séduit de plus en plus d’étudiants : le recours au garde-meuble. Beaucoup héritent de meubles familiaux ou de cartons trop encombrants pour un studio de 20 m². Plutôt que de les entasser au détriment du confort, certains choisissent de louer quelques mètres carrés de stockage à l’extérieur.
À Nîmes, l’offre de garde-meuble s’est développée et permet de libérer son logement pour n’y conserver que l’essentiel. Les tarifs démarrent autour de quelques dizaines d’euros par mois pour un box de petite taille, une dépense qui s’avère vite compensée par le gain de place et la qualité de vie retrouvée. Pour les étudiants en colocation, c’est aussi une manière d’éviter de saturer les parties communes et de préserver un cadre plus harmonieux.
En pratique, un garde-meuble devient une extension invisible de l’appartement : les affaires saisonnières, la vaisselle de trop, ou les souvenirs personnels y trouvent leur place. Dans un logement destiné à étudier, dégager l’espace visuel et éviter l’accumulation devient un facteur essentiel de concentration.
Dans cette quête d’un intérieur fonctionnel et agréable, l’enjeu dépasse la simple décoration. Un bureau bien éclairé et dégagé, des couleurs apaisantes, des rangements invisibles ou des plantes robustes comme le pothos ou la sansevieria favorisent la concentration et l’équilibre. « Un logement qui donne envie d’y rester, c’est aussi un logement qui aide à travailler », résume Hugo, étudiant en lettres. À Nîmes, comme ailleurs, meubler son premier appartement devient ainsi un apprentissage pratique de l’art de vivre — celui de conjuguer économie, confort et efficacité.
